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Bien laver les bords et les coins

Une première étape de travail a été présentée au public les 27 et 28 juillet 2004 au Centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc-Roussillon dans le cadre de la formation ex.e.r.ce


Poéme métaphorique d'un laveur de vitre

Au départ, j'ai vu un homme au travail, un laveur de vitres haut perché et harnaché. Emerveillé par sa précision et sa dextérité, je l'ai abordé, ressentant le besoin de connaître son métier. Nous nous sommes revus, il a accepté de m'initier. Durant cet apprentissage, je me suis aperçu qu'il utilisait un vocabulaire que l'on retrouve dans l'enseignement de la danse : " assouplis bien ton poignet, globalise-toi, prends conscience de ton espace … ". Dans sa rigueur et son sens du détail, je retrouvais les mêmes sentiments qui animent ma pratique du corps.

L'observation de cet homme dans sa fonction me plongeait dans mon propre rapport au travail et ouvrait une porte supplémentaire à mon questionnement autour de la notion de " détail ". Le détail comme trace de l'expérience mais aussi comme point d'entrée à l'imaginaire. Souvent le détail nous capture, nous surprend dans notre vie quotidienne. Les petites choses prennent une dimension incroyable jusqu'à nous prendre tout le corps. C'est peut-être ce phénomène qui nous permet de passer de la réalité à l'imagination.

Dans sa danse du détail, le laveur de vitres développe un rythme, une temporalité particulière. Lors de ma première étape de travail au ccn de Montpellier, j'ai tenu à développer un temps hors du commun qui touche pourtant au temps du quotidien ; le quotidien de cet homme en activité. Je me suis appliqué à retranscrire ma vision du laveur de vitres dans sa fonction mais dans une abstraction. C'est une façon de regarder à l'intérieur de cet espace-temps quelque chose qui m'emmène dans l'imaginaire.

Parmi les pratiques qui m'ont influencé durant ma formation, la composition instantanée figure au premier plan. La liberté qu'elle procure rend possible ce jeu avec le temps, permettant de le triturer, le distordre pour en faire ressurgir les figures multiples du corps temporel.

L'important est de laisser une fragilité, une spontanéité pour garder une authenticité, en me laissant surprendre dans l'instant, face au spectateur.



Ce temps en dilution émerge également de la bande-son que j'ai réalisé durant le temps de travail à Montpellier. Cette bande est survenue d'une envie d'effectuer des interviews à des passants et de leur poser la question " à quoi pense un laveur de vitres quand il lave les vitres ? ".


Cette question propose une ouverture à l'imaginaire et projette des façons de penser différentes. Toutes ces interviews m'ont donné l'envie de les mélanger pour que tous ces mots, ces réponses concrètes flirtent avec l'abstraction. En les superposant à la musique d'Eric Satie, à ces notes connues de tous, je m'adresse à notre pré-construit culturel commun pour mieux mettre en résonance la singularité des propos recueillis. Chaque personne selon son parcours et sa sensibilité prend un mot, une note de musique, une phrase qui lui parle.

Autre élément travaillé au ccn de Montpellier, la scénographie. L'espace scénique évolue sans cesse au gré de mes actions et des manipulations que j'orchestre. La présence d'objets divers bouleverse cet espace pour proposer des images à dimensions multiples. La lumière occupe une place centrale dans le dispositif notamment à travers l'utilisation de miroirs. Les miroirs, surfaces de projection, posent la question du regard par l'image et se substituent par métonymie à la figure même du laveur de vitres.